L’ouverture des shops 24 heures sur 24 : Pas une question de cervelas, mais de santé des femmes !

La votation sur l’ouverture des shops est beaucoup plus importante que M. Schneider-Ammann veut bien le laisser croire. La plupart des personnes qui travaillent dans ce secteur sont des femmes. Les témoignages recueillis auprès de femmes qui assurent le travail aujourd’hui dans les shops ouverts de 6h du matin à 22h sont édifiants. Travail sur appel, nombre d’heures fluctuant d’un mois à l’autre, passant de 160 h à 45 h le mois suivant sans prévisibilité, salaire ne permettant pas de payer les charges mensuelles d’un ménage, salaire-horaire de 19.- fr, temps de préparation avant l’ouverture à 6h ou de remise en ordre après la fermeture à 22h non rémunérées, …

A ces conditions d’un autre âge, il faut ajouter le stress dû à la solitude dans des heures où le risque d’agression ou de braquage est plus élevé, le mois de vacances auquel on renonce, faute de savoir si les mois précédents auront permis de gagner assez ou s’il faudra travailler malgré tout pour éviter des dettes, la difficulté de trouver des solutions pour la garde des enfants à des heures aussi irrégulières et hors des horaires habituels, le risque de se couper de toute vie sociale, car décalage des heures de travail par rapport à l’entourage.

Aveugle à toutes ces conséquences néfastes sur la société, les familles, et sur la santé des femmes en particulier, la droite n’a de cesse d’avancer vers un libéralisme pur et dur de l’ouverture des heures de magasin, dont l’initiative Lüscher sur laquelle nous votons le 22 septembre n’est que la pointe de l’iceberg. Trois autres motions radicales-libérales et des verts libéraux sont dans le pipe-line. Elles demandent d’uniformiser l’heure des ouvertures des magasins partout en Suisse jusqu’à 20h en semaine et 19h le samedi, d’étendre la définition de zones touristiques, qui peuvent ouvrir les magasins le dimanche et d’autoriser tous les commerces et entreprises de service jusqu’à 120m2 de superficie à travailler la nuit et le dimanche…

Les médecins spécialisés en médecine du travail sont pourtant clairs sur les effets néfastes du travail de nuit. L’homme est un animal diurne, il ne change pas son rythme de veille et de repos sans conséquences potentiellement graves pour la santé. Il a été mis en évidence que le travail de nuit augmente les risques de maladies cardio-vasculaires, les symptômes d’anxiété, la dépression. Chez les femmes, il a été mis en évidence une augmentation du risque de cancer du sein, une diminution de la fertilité, des accouchements précoces plus nombreux.

Prétendre que la votation du 22 septembre est anodine et ne fait que régler une anomalie mineure dans la vente de certains produits pendant les heures nocturnes est une analyse pour le moins légère de la situation : c’est vouloir consciemment oublier l’arrogance de la droite et son calendrier limpide. Elle souhaite une marche forcée et rapide vers une libéralisation des heures de tous les magasins, synonyme de dérégulation des conditions de travail. Plus vite nous stopperons cette marche infernale vers un libéralisme pur et dur, qui a fait déjà assez de dégâts, mieux ce sera ! Nous ne voulons pas nous laisser entraîner vers un monde où seule la consommation débridée est la règle, alors que les salariées et salariés voient leurs conditions de travail se détériorer, la flexibilisation poussée à l’extrême, et leurs salaires stagner. A qui tout cela profite-t-il au final ? Pas aux travailleuses et travailleurs, ni à la majorité de la population, qui souhaitent pouvoir vivre harmonieusement leur activité professionnelle, la vie de famille et les loisirs.

Stoppons cette dérive par un NON sec et sonnant le 22 septembre !

Josiane Aubert, conseillère nationale, vice-présidente de Travail.Suisse