Interview de Raffaela Cantone Meylan et Nicolas Guignard, candidat.e.s à la Municipalité du Chenit

Pour mieux faire connaissance avec Raffaela Cantone Meylan et Nicolas Guignard, candidats pour le 2ème tour sur la liste Roses-Vert-e-s, n’hésitez pas à lire leur interview !

Est-ce que tu peux me parler de ton parcours de vie ? Où es-tu née, où as-tu passé ton enfance, quelle formation as-tu suivie ?

RCM : Je suis née à l’hôpital de St-Loup. J’ai vécu une année à Vallorbe, puis mes parents sont venus s’installer Chez-le-Maître au Sentier. J’y ai suivi toute ma scolarité obligatoire. J’ai ensuite entrepris une formation de laborantine médicale à l’hôpital de St-Loup. Après quelques années d’activités, je suis partie en mission humanitaire en Roumanie, ce qui m’a beaucoup plu. Quelques années plus tard, j’ai également fait de la coopération au Tchad. A mon retour je n’ai pas retrouvé immédiatement un travail dans le médical, j’ai donc exercé plusieurs petits boulots : ouvrière d’usine, sommelière, puis assistante médicale et auxiliaire au CMS. J’ai finalement retrouvé un travail à temps partiel au laboratoire de l’hôpital de la Vallée de Joux où j’ai pu compléter mon activité dans les services d’hébergement. Je suis heureuse d’avoir pu vivre toutes ces expériences qui m’ont enrichie.

Et Nicolas, quel est ton parcours de vie jusqu’à ce que tu te présentes à la Municipalité ?

NG : Je suis né et j’ai grandi à Lausanne, j’y ai vécu jusqu’à 20 ans. J’y ai fait beaucoup d’athlétisme à un assez bon niveau dans ma jeunesse. A 18 ans, je suis entré à l’université, en HEC à Lausanne. En même temps, un peu par hasard, j’ai monté ma première société : un ami était éditeur en France de cassettes vidéos d’animation japonaise et cherchait quelqu’un pour les distribuer en Suisse, donc j’ai développé cette activité en parallèle à mes études. La société a été vendue ensuite, mais elle existe toujours et appartient aujourd’hui à Sony. J’ai toujours fait plein de choses en même temps. J’ai aussi été l’un des cofondateur d’une compagnie de reconstitution médiévale. Il faut dire qu’après Lausanne, j’ai vécu 10 ans à Romainmôtier, endroit qui se prête bien à cela. Cette compagnie existe encore aujourd’hui, mais je n’en fais plus partie depuis un moment. J’ai aussi collaboré dans une start-up de l’EPFL, ai enseigné trois années au gymnase de Morges – toujours à temps partiel, une expérience absolument géniale. En 2005, j’ai fondé une autre société d’édition de DVD, orientée cette fois sur le cinéma suisse et les documentaires, pour laquelle je travaille encore aujourd’hui. Et c’est en visionnant des films sur l’écologie dans ce cadre que j’ai eu l’idée de créer le Festival du Film Vert, qui a énormément grandi depuis puisque c’est maintenant un festival qui a lieu dans une centaine de villes en Suisse et en France. A Romainmôtier, j’ai eu mon premier enfant, mais il a fallu trouver un appartement plus grand. C’est à ce moment que j’ai emménagé à la Vallée, où j’ai d’ailleurs des racines puisque ma grand-mère était une Aubert du Brassus (donc je suis quand même un petit peu Combier même si je n’ai pas grandi à la Vallée). Je suis donc venu m’établir au Chenit, où la qualité de vie est magnifique et mon deuxième enfant est arrivé. Depuis quelques années, je travaille aussi pour la société why! open computing, qui vend des ordinateurs durables et réparables, une autre initiative qui s’inscrit dans une démarche écologique. Toutes ces activités sont plutôt dictées par l’envie de trouver du sens dans ce que je fais, et pas forcément dans le but de gagner un maximum d’argent – pour cela, j’aurais pu m’engager dans une société de consulting à la sortie de l’université, je serais certainement beaucoup plus riche aujourd’hui. Je suis donc toujours partagé entre ces différentes activités mais tout ce que je fais me passionne.

Raffaela, pourquoi et quand es-tu rentrée en politique ?

RCM : Je suis rentrée en politique il y a trois ans, j’ai remplacé Sébastien Cala. C’est une ancienne collègue de travail qui alors m’a demandé si je serais intéressée par le poste de Conseillère communale. A l’époque, au sein de l’hôpital de la Vallée, il y avait énormément de conflits entre les collaborateurs et la direction des ehnv. Nous avons dû faire intervenir les syndicats car il y avait des situations problématiques qui nuisaient au bon fonctionnement de notre hôpital et méritaient d’être mises en lumière. Même si alors je ne faisais pas encore partie de la commission du personnel, j’ai souvent pris la parole lors de réunions. Je suis montée au créneau, ce qui a fait que, peu à peu, mes collègues m’ont vu comme la personne qui allait les défendre. C’est probablement pour ces raisons que cette collègue et d’autres m’ont dit qu’il fallait absolument que je vienne au conseil communal car j’oserai dire les choses. Au même moment, les statuts du Pôle Santé étaient en préparation, le préavis allait bientôt passer en votation. J’étais très intéressée par ce sujet. Comme il était vraiment très important de pouvoir maintenir une structure sanitaire à la Vallée, j’y ai vu une opportunité d’agir et j’ai accepté. J’ai tout de suite beaucoup aimé, le dialogue, les échanges d’idées, la réflexion commune, l’ambiance des séances. Le travail est intéressant. On voit ce qui se passe sur le terrain et aussi ce qui a été accompli.

Et toi, Nicolas, à quelle occasion es-tu rentré en politique ?

NG : Cela remonte à mes années «Romainmôtier» (1998-2008), j’y avais un ami qui était co-président de la section des Verts du Jura-Nord Vaudois et qui cherchait du monde pour renforcer le comité. Il s’était bien rendu compte que j’avais une bonne sensibilité pour l’environnement et il m’a convaincu d’aller à une ou deux séances des comités cantonaux pour prendre la température et rencontrer quelques personnes. J’ai vraiment été marqué par l’intelligence et par l’état d’esprit de toutes les discussions. Il y avait peu d’idées arrêtées, les contradictions étaient bien tolérées, et la vision générale était très orientée vers le long-terme, ce n’était pas les petits calculs politiciens à court-terme qu’on peut imaginer parfois en politique. Je me suis donc engagé dans la section du Jura-Nord Vaudois qui, à l’époque, n’avait des élus qu’à Yverdon. Assez vite, il y a aussi eu un groupe à Orbe comme j’habitais Romainmôtier, les autres ont proposé que je sois président car j’étais un peu «neutre» et pouvais faire des arbitrages entre les deux groupes. Je me suis donc retrouvé président de la section du Jura Nord-Vaudois entre 2001 et 2006, ce fut une belle expérience avec des gens passionnants.

Les Verts ont des idées qui sont très importantes à mes yeux. Ils ont été des pionniers dans bien des domaines – on voit aujourd’hui que leurs idées sont récupérées dans la plupart des partis, même à droite (avec plus ou moins de sincérité). Cela montre que les gens qui étaient engagés dans ce mouvement il y a 20 ans ou plus étaient des visionnaires car aujourd’hui tout le monde finit par admettre qu’ils avaient raison et que ce qui se fait maintenant pour protéger notre environnement aurait dû se faire il y a longtemps.

Raffaela, quelles sont tes attaches, quelles sont tes valeurs ?

RCM : Je suis très attachée à la Vallée de Joux mais, étant une enfant d’immigrés, je suis aussi très attachée à mes racines italiennes. J’ai toujours vécu ici. La Vallée de Joux m’a construite. J’ai grandi dans cette magnifique région, avec mes potes d’enfance j’y ai vécu des moments fabuleux. Nous vivons dans un endroit privilégié, et même si j’ai beaucoup voyagé, dans toutes mes expéditions, j’ai eu la nostalgie des sapins. J’aime cependant aller voir ma famille à Naples, le Vésuve, la mer.

Retourner régulièrement dans le sud de l’Italie est très important pour moi.

Mes valeurs : avoir le courage de dire ce qu’on pense. Il y a forcément des avis différents, mais pouvoir le dire et en débattre sans agressivité c’est important. Cela permet de réfléchir et de faire avancer les choses. Au sein de cette future municipalité, je trouverais génial que tous les partis soient représentés afin d’avoir un équilibre. Au final, ce qui est important, ce sont nos différences. C’est ce qui va nous permettre de mieux réfléchir, sortir de nos zones de confort, de nos convictions. Je pense que la franchise, l’honnêteté, l’authenticité, sont des valeurs indispensables. Si on se définit d’une couleur, si on est plutôt de gauche ou de droite, c’est honnête de le dire et après, oser défendre simplement ses idées. Je suis convaincue que l’équilibre dans toute choses est indispensable.

Et toi, Nicolas, à quoi tu es attaché, quelles sont tes valeurs aujourd’hui ?

NG : pour ce qui est des racines, je me sens plutôt lausannois mais j’aime beaucoup la Vallée. Et je ne suis pas très sensible à la notion de frontière: je suis Suisse, mais je suis surtout citoyen de la Terre, je pense que nous faisons partie d’un tout. Et pour ce qui est de mes valeurs, je crois que je suis un humaniste, au fond, peut-être même avant d’être un écologiste. A mon mariage, j’avais lu la Déclaration des droits de l’Homme, c’est un des textes qui me tient le plus à cœur, il est essentiel. J’ai l’impression que l’écologie découle de l’humanisme dans le sens du respect de la vie, du bien-être de chacun, de l’égalité, car c’est une façon de s’assurer que ces valeurs soient respectées à long terme que de prendre soin de notre environnement, de nous finalement. L’humain est au centre de l’écologie. Mes valeurs se situent au niveau de l’éthique, du respect les uns des autres et de penser ce respect dans le temps : ne pas condamner les générations futures par de l’égoïsme que notre génération pourrait avoir maintenant.

Raffaela, est-ce que tu peux dire, en tant que potentielle future municipale, ce que tu peux apporter concrètement aux citoyens de la commune du Chenit ?

RCM : De la bonne humeur, de l’énergie positive, de la persévérance, un équilibre hommes-femmes. Je suis également capable de me remettre en question, je pense que c’est un atout dans un groupe, car le premier qui le fait tend la main aux autres, montre que c’est possible et que ça ne fait pas de lui quelqu’un de stupide. Je suis capable d’admettre que je me suis trompée, je pense que c’est grave de ne pas vouloir le reconnaître.

Et toi, Nicolas ?

NG : concrètement ? D’abord, je pense qu’il ne faut pas faire de promesses en l’air, même si nous étions élus les trois, nous serions toujours minoritaires. On va pouvoir amener des impulsions, on va devoir négocier pour ce qu’on voudrait apporter mais on ne sera pas en position d’imposer quoi que ce soit, il faut être réaliste. Sur le plan personnel, je suis quelqu’un qui a des convictions sans être dogmatique, et j’espère bien pouvoir faire passer certaines idées, par exemple sur les questions d’écologie et de qualité de vie en général. Une des forces que j’ai développée en gérant mes entreprises est une certaine créativité dans ma manière d’appréhender les problèmes, dans la recherche de solutions.

Raffaela, qu’est-ce que la Vallée de Joux t’apporte ? Elle recharge tes batteries, elle te ressource ?

RCM : Elle me ressource, recharge mes batteries et me donne envie d’être meilleure. Chaque fois que je me retrouve dans la nature, que je vois sa beauté, tout ce qui est là à portée de main, je ressens une énorme gratitude envers la vie. J’aurais pu grandir à Naples, dans une ville avec des millions d’habitants où il n’y a pas un seul endroit calme. Même si j’adore y aller, j’ai besoin de cette quiétude. La Vallée m’apporte cette conscience : je suis privilégiée d’habiter ici. Quand je suis dans la nature, j’ai l’impression de toucher l’essentiel : je suis heureuse, c’est du bonheur. Je suis remplie de joie lorsque je reviens à la « civilisation », j’ai envie de la partager. Je reviens avec plein d’amour en moi, j’ai été touchée. Voilà ce que la Vallée m’apporte, ce que j’ai envie de partager.

Et toi, Nicolas, en quoi la Vallée de Joux t’aide ?

NG : Je me sens bien ici, il y a une nature superbe. On a la chance d’avoir de bonnes infrastructures – mais il faut être prêt à se battre pour les conserver – qui font qu’on peut vivre à la Vallée sans avoir besoin de courir à Lausanne pour un oui ou pour un non. Et puis, je ne suis pas Combier, mais je commence quand même à aimer les Combiers. Ces gens sont assez fantastiques, un peu bourrus parfois, mais j’aime bien, et c’est une communauté à taille humaine. Je ne m’imaginerais même plus vivre à Lausanne aujourd’hui, ou encore moins à Paris (où j’allais souvent à une époque pour mon travail), je ne supporte plus. Une fois qu’on vit à la Vallée, on peut peut-être vivre dans d’autres villages, mais on ne peut plus vivre en ville.

RCM : c’est vrai que je vois le slogan pour la Vallée «Un art de vivre», c’est exactement ça.

NG : oui, mais ça ne veut pas dire que tout est parfait non plus ici, je pense qu’il y a des choses qu’il faut se battre pour conserver, mais il y a aussi d’autres choses qu’il faudrait développer ou améliorer. Mais on a la chance d’avoir déjà une qualité de vie qui est très bonne, et d’avoir les moyens grâce à l’horlogerie, évidemment.

Justement, c’est la question suivante : Raffaela, comment vois-tu l’avenir de la Commune, pas forcément à très long terme, mais sur la prochaine législature, sur les projets en route, si tu devais peindre la commune dans 10 ou 15 ans, à quoi ressemblerait-elle ?

RCM : Je n’aimerais pas voir construire d’autres usines comme celle du quartier des Ordons au Brassus. J’espère que des constructions de ce format-là, il n’y en aura plus. D’ici 15 ans, j’aimerais que la nature soit toujours aussi belle, je ne voudrais pas non plus voir plein d’antennes apparaître un peu partout. Certes il y aura de nouvelles familles qui seront venues s’installer, il faut donc un développement harmonieux, pour pouvoir les accueillir. J’aimerais que soit développé un système de santé qui réponde au besoin de la population, pour que les citoyens puissent bénéficier de consultations ambulatoires sur place et ne soient pas obligés de « descendre » en plaine. Il y a malheureusement aussi des gens malades, ces personnes devraient pouvoir se faire soigner à la Vallée, dans la mesure du possible. Pour les jeunes, il faudrait développer l’offre culturelle : des cours de dessin, de théâtre, promouvoir encore d’avantage les activités sportives. D’ici là j’espère qu’on aura trouvé une solution pour que notre jeunesse puisse disposer d’ un endroit de partage.

Et toi, Nicolas, comment vois-tu la commune à l’avenir ?

NG : A long terme, il y a une chose qui m’inquiète un peu à la Vallée, c’est la monoculture économique. Évidemment, je souhaite le meilleur à nos horlogers, mais on est très dépendant d’eux, et ça me fait toujours un peu peur parce que, si pour une raison ou une autre, les montres se vendaient moins, toute la Vallée en serait affectée. J’aimerais que nous allions en direction d’une diversification de l’économie, je pense que c’est quelque chose d’important. C’est aussi le cas pour une entreprise : être dépendant d’un seul client ou d’un fournisseur, c’est dangereux, et pour une communauté, être dépendant d’un seul secteur économique, c’est dangereux aussi.

Sinon, il y a beaucoup de choses à faire pour la jeunesse (pas les enfants, mais plutôt les ados et les jeunes adultes) : il manque vraiment une offre culturelle pour eux, des endroits où ils puissent se retrouver, sortir.. Aujourd’hui, en gros, il n’y a rien, et s’il y a une grosse lacune dans notre commune, je pense que c’est là qu’elle se situe.

Je pense aussi qu’il manque un lieu de vie commun, je parle surtout pour le village du Sentier, qui est quand même le centre de la commune avec ses commerces. Il manque un espace public agréable où les gens puissent se retrouver, peut-être avec une petite buvette ouverte en été. Ce pourrait être sur les rives de l’Orbe, ou alors repenser cette place de jeux derrière la Migros qui est très peu utilisée pour l’instant. D’ailleurs, la nouvelle place de jeux à côté de la Maison Paroisse est un peu devenu ce lieu de vie sans que cela ait été pensé pour cela, et cela démontre ce manque. On a besoin d’avoir une vraie place du village, en dehors de la place devant l’Hôtel de Ville qui n’est pas conviviale, un endroit où les gens puissent se retrouver pour parler, pour jouer à la pétanque, que sais-je, s’asseoir, discuter, se mélanger.

RCM : oui, d’ailleurs c’est marrant : la Maison de paroisse, quand j’étais ado, y a 35 ans, on allait là-bas, c’était le lieu où on se retrouvait.

En tant que Vert, d’un point de vue de la transition énergétique, le bilan carbone, je t’attendais un peu là-dessus ?

NG : Sur le sujet, beaucoup reste encore à faire, notamment au niveau de l’isolation des bâtiments. Il n’y a pas vraiment eu d’étude globale alors qu’il existe des projets nationaux pour mesurer les pertes de chaleur dans les communes, il est indispensable de faire cela rapidement. Nous avons le chauffage à distance, c’est très positif.

A côté de ça, évidemment, j’espère qu’EolJoux va voir le jour à un moment donné, mais ce que je regrette c’est qu’il n’y ait pas de plan B. C’est vraiment dommage : depuis le temps qu’on attend, on serait peut-être passé au plan B s’il en existait un, mais aujourd’hui, à part attendre, on ne peut rien faire. Pour ce qui est du solaire, certains toits devraient être couverts de panneaux solaires. Notamment le fait que le toit de la nouvelle Migros n’en soit pas équipé me rend malade ! Je ne comprends pas que Migros ne l’ait pas fait spontanément, et qu’ensuite que personne ne leur ait demandé de le faire. Qu’on ne mette pas de panneaux solaires sur une ferme du XVIIIème siècle ou sur les clochers des églises, c’est OK. Mais sur un bâtiment neuf, moche en plus, avec un toit incliné, qu’il n’y ait pas de panneaux photovoltaïques, c’est une ineptie.

Un bâtiment qui consomme énormément et qui pourrait utiliser son électricité directement, en journée.

NG : oui. Et je redis qu’on ne doit se contenter d’être des suiveurs dans le domaine de l’énergie : nous avons des ressources techniques, financières et les ressources naturelles qu’il faut, on se doit d’être à la pointe.

Dans ta démarche, Raffaela, qu’est-ce qui me démontrerait que tu ne veux pas t’engager à la municipalité dans ton propre intérêt, et si ce n’est pas dans ton propre intérêt, quel(s) intérêt(s) veux-tu défendre ?

RCM : J’aimerais prendre en charge le dicastère de l’Instruction publique, des Affaires sociales et de la Culture. C’est un dicastère dédié aux autres.

Et toi, Nicolas, qu’est-ce qui me prouve que tu n’y vas pas pour les intérêts de ta société d’ordinateurs durables ou pour vendre des DVD ?

NG : Je n’ai pas l’intention de vendre des ordinateurs durables ou des DVD à la commune, et si la commune devait acheter des ordinateurs à un moment donné, je me récuserai dès le départ ! Je ne suis pas en recherche d’emploi non plus, ce n’est pas pour ça que je le fais. Dans toute ma vie, j’ai toujours fait des choses par intérêt bien plus que par appât du gain, sinon je n’aurais pas fait ce que j’ai fait. Je me présente par conviction, par envie d’apporter des choses et d’apprendre aussi. Partager et faire avancer des idées qui me sont chères, c’est ça ma vraie motivation.

Raffaela, dans le cadre de ta vie politique, quel est ton meilleur souvenir ? A la fin de quelle cession, soirée, séance, tu t’es dit «là, tiens, on a été utiles, on a fait du bon boulot» ?

RCM : C’est quand j’ai réussi à faire passer un amendement au Règlement de Police concernant le comportement des chiens non attachés. Je me suis souvent retrouvée sur les pédestres ou en d’autres endroit de la Vallée de Joux où je me suis faite agresser par des chiens non tenus en laisse. Je n’ai pas trouvé cela correct, pas plus que les réponses peu respectueuses de leur maître. J’ai pu déposer un amendement qui stipule que si votre chien est bien éduqué, il n’y a pas de problème, il n’a pas besoin d’être attaché, mais si vous n’êtes pas capable de l’éduquer correctement et qu’il importune quelqu’un, alors vous pouvez être amendé. C’était mon meilleur moment, j’ai dû batailler mais j’ai réussi à convaincre les conseillères et les conseillers communaux qui étaient là, ils m’ont donné leurs voix et l’amendement a été validé.

Et toi, Nicolas, même si c’était à Romainmôtier ou à Yverdon ?

NG : Non, c’était ici, sur le dossier EojJoux. J’étais membre de la Commission du Conseil communal qui a étudié le préavis. J’avais fait de mon mieux pour que l’avis soit positif, mais j’avais eu l’idée saugrenue de soumettre la question à un referendum spontané, autrement dit de faire voter la population là-dessus. Comme il y avait pas mal de tensions dans la population de la commune sur ce sujet, je me disais que c’était le meilleur moyen d’apaiser les choses et de forcer les promoteurs du projet à communiquer. De plus, une fois que ça aurait passé (j’étais sûr que cela passerait), ça donnerait une meilleure légitimité au projet. J’ai d’abord dû convaincre les membres de la Commission de suivre l’idée, ensuite convaincre le groupe PS et Alliés, et finalement le Conseil. Tout le monde a accepté l’idée, un peu contre l’avis des promoteurs du projets qui n’ont pas vraiment vu leur intérêt et qui se sont dit «ouh là, on va devoir communiquer, faire des efforts pour convaincre», ce qu’ils ont fait, finalement. Et comme le vote populaire a été largement favorable au projet, je me dis que j’ai apporté ma petite pierre au projet avec mon idée saugrenue qui finalement renforce EolJoux. Avant, ils écrivaient dans le dossier qu’ils avaient le soutien de la population, mais maintenant, c’est prouvé.

Raffaela, pour ceux qui n’assistent pas aux séances du conseil communal ou aux commissions, au-delà des clivages politiques, est-ce que tu peux me décrire l’ambiance qui y règne ? L’électeur voit passer des PV, des directs, mais il y a des courses, la «soirée vacherin», est-ce que tu peux nous dire à quoi ressemblent les coulisses de tout cela ?

RCM : Vu les circonstances actuelles, je n’ai pas eu l’occasion de participer à la soirée Vacherin ou à une course. Je ne peux donc pas donner mon ressenti à ce sujet.

Concernant les coulisses du Conseil communal, j’ai été particulièrement touchée par la disponibilité du greffe communal et de son équipe. Il y a du travail pour préparer une séance, c’est très protocolaire. Les conseillères et conseillers y sont très attachés. Au début de chaque séance, je trouve que l’ambiance est assez tendue. Les mesures COVID ont encore compliqué la préparation des séances, car nous avons dû les déplacer dans les locaux du Centre sportif. Un très grand travail de la part de tous les acteurs est fourni et je fais de mon mieux pour que tout se passe bien.

Nicolas, tu avais déjà siégé avant ?

NG : oui, j’ai fait une législature et demi en tant que Conseiller communal et j’y suis revenu depuis quelques mois. Je n’ai pas vu les coulisses comme l’a fait Raffaela, je ne peux pas témoigner de cela. Par contre, ce que je peux dire et que j’apprécie au conseil et dans les commissions, c’est que, même avec nos adversaires politiques, il y a un respect, ce n’est pas tendu. On arrive à discuter avec tout le monde, même si on n’est pas toujours d’accord avec eux, on a même parfois du plaisir à rencontrer des gens qui sont assez sympathiques, à quelques exceptions près. Je trouve que l’état d’esprit est sain et c’est important que ça reste ainsi. Si je compare avec d’autres communes plus grandes, par exemple je connais un peu la situation à Yverdon, c’est vraiment beaucoup, beaucoup plus tendu là-bas, heureusement que ce n’est pas comme cela ici.

Le dimanche du 1er tour, les 10 candidats nous nous sommes retrouvés dans la même salle en attendant de passer sur ValTV, à boire un café ou un verre blanc. Ce n’était pas prévu comme ça mais ça s’est passé ainsi et j’ai trouvé ça plutôt sympa. Alors d’accord, on n’a pas beaucoup parlé, mais on était tous là, ce n’est pas comme ça dans toutes les communes. Un certain respect existe, même si on n’a pas les mêmes idées, et c’est sain.

Et moi, d’un point de vue personnel, je n’ai vraiment aucun problème avec les autres municipaux. On n’est pas toujours d’accord, on a d’autres idées, il y a des choses qu’on ferait différemment, mais cette ambiance saine qu’on trouve maintenant, il faut absolument la préserver.

Très bien, est-ce que vous avez quelque chose à rajouter ?

NG : j’ai une petite anecdote que vous ne connaissez pas de ma vie et qui est marrante. C’est par rapport à ma compagne de maintenant : la femme avec qui je vis depuis 8 ans, c’est mon amoureuse de quand nous avions 5 ans. Elle habitait à Lausanne aussi. A l’école enfantine, on était très amoureux pendant quatre années, on était le seul couple de la classe (à cet âge là c’est plutôt rare). Et à un moment donné, il y a eu des adieux déchirants parce qu’elle changeait d’école et qu’on savait qu’on ne se reverrait pas. On s’est complètement perdus de vue pendant 27 ans, sans aucune nouvelle, rien. Et c’est par hasard, quelques mois après mon divorce, que ma mère a retrouvé Stéphanie sur Facebook. Un jour, j’ai reçu sur mon Messenger, ce message : «Nicolas, c’est toi ?». C’était vraiment bizarre. On s’est écrit un peu, et on a fini par se revoir. Ce fut très étrange parce qu’on se connaissait sans se connaître. Je me souvenais d’elle quand elle avait 9 ans, là c’était une femme de 36 ans. On s’est revu deux fois puis on s’est remis en couple, et on est amoureux comme il y a presque 40 ans mais avec une pause de 27 ans. Voilà notre histoire assez particulière.

RCM : oui, c’est chou !

NG : et le hasard a voulu qu’on se retrouve précisément quelques mois après mon divorce, ça tombait très bien !