Chronique de Sébastien Cala dans la Feuille d’Avis de la Vallée de Joux : “La crise sanitaire et le temps parlementaire…”

Ces dernières semaines, les Député.e.s ont régulièrement été accueilli.e.s par des manifestations. La situation sanitaire et les restrictions qui y sont liées ont imposé la fermeture ou la réduction d’activité de nombreuses personnes, qui se sont présentées devant les portes du Parlement, puis du Swiss Tech Convention Center, lieu où siège le Grand Conseil depuis mi-novembre. Il n’est pas agréable d’être accueilli ainsi, mais cela a le mérite de nous rappeler à toutes et tous le poids de nos décisions. On pouvait lire dans le regard de certaines personnes de la colère, du désespoir ou même de la détresse.

Le Grand Conseil mobilisé mais mal outillé

Pour faire face à cette situation, le parlement vaudois est mal outillé. Les différentes possibilités qui s’offrent aux membres du législatif sont en effet relativement lentes. De fait, en cette période de crise où la situation évolue très rapidement et où il faut agir en conséquence, le temps parlementaire n’est pas adéquat. Les groupes politiques ont tout de même réagi. Une coalition de droite a en effet proposé un fonds de soutien à l’économie de 200 millions. Les contours de ce fonds, approuvé à l’unanimité du Grand Conseil, doivent toutefois encore être précisés.

Le Parti socialiste a de son côté proposé la prise en charge totale des cotisations sociales pour les acteurs dont l’activité a dû être arrêtée. A cela s’est ajouté une deuxième proposition, à savoir : la prise en charge d’une part des loyers commerciaux des acteurs touchés par la crise. Ces deux propositions ont également reçu un large soutien au sein du Parlement.

Un signal pour l’exécutif

Il faut cependant prendre conscience que ces propositions ne sont que des impulsions pour le gouvernement. Légalement, l’exécutif vaudois a une année pour se positionner. Les réponses doivent ensuite être discutées au sein d’une commission, puis en séance au Grand Conseil. On comprend de ce fait que le temps parlementaire n’est pas adéquat pour répondre aux défis de la crise sanitaire actuelle. Pour cette raison, le Conseil d’État a activé l’état de situation extraordinaire qui lui permet de prendre des décisions rapides, qui sont ensuite discutées à la Commission des finances puis au Parlement.

Il faut néanmoins relever que les interventions parlementaires permettent au Conseil d’État d’orienter ses actions. Ainsi, dans le paquet d’aides actuellement en discussion au Grand Conseil – citons par exemple la prise en charge RHT à 90%, les aides à fonds perdus ou encore welQome II –, certains éléments reprennent, au moins en partie, différents objets parlementaires déposés soit au printemps lors de la première vague, soit cet automne.

La démocratie s’adapte

Pour celles et ceux qui en ont besoin, ces aides mettent toujours trop de temps à arriver, elles sont toutefois débloquées à une vitesse « éclaire » si l’on se réfère au temps politique suisse. En d’autres termes, la démocratie s’adapte d’une certaine manière à la crise afin de répondre au mieux aux besoins de solidarité que celle-ci révèle. L’État est en capacité de répondre, car nos institutions sont solides. Le flou qui a pu apparaître autour de certaines décisions fédérales ne doit pas nous faire oublier que c’est uni.e.s et solidaires que nous traverserons cette crise.

Avant de terminer cette chronique, et malgré la situation que nous traversons actuellement, je tenais à vous souhaiter, chères lectrices et chers lecteurs, mes meilleurs vœux pour 2021.

Sébastien Cala