Parce qu’on ne peut tolérer chez les autres, ce que l’on n’accepterait pas chez nous

La semaine dernière, les opposants à l’initiative pour des multinationales responsables ont défrayé la chronique en faisant intervenir à Berne, le Ministre du Commerce du Burkina Faso, Harouna Kaboré. Pour le moins inhabituelle, voire même inappropriée, cette intervention d’un représentant d’un gouvernement étranger dans une campagne de votation interne à la Suisse en dit long sur les capacités de lobbyisme des multinationales.

Respecter les bases de l’état de droit

Au-delà de cette « affaire », la proposition qui nous est faite par les initiants apparait comme une solution tout à fait raisonnable et cohérente. A quel titre les multinationales suisses ont-elles le droit d’échapper à la justice ? Si ces sociétés réalisent des actions répréhensibles, pourquoi ne devraient-elles pas répondre de leurs actes ? N’est-ce pas la base d’un état de droit ? Ce n’est pas parce que ces potentiels actes répréhensibles (pollutions, travail des enfants, etc.) sont commis hors de nos frontières que l’on doit fermer les yeux et empocher les bénéfices, notamment par le biais des impôts.  

Concurrence déloyale

Si cette initiative est acceptée, elle aura de plus l’avantage d’imposer un cadre identique pour toutes les multinationales dont le siège est en Suisse. Cela permettra d’éviter une distorsion de concurrence. Le système actuel encourage en effet les multinationales à travailler avec des sous-traitants, souvent peu scrupuleux des droits de l’homme et de l’environnement. Ainsi, les coûts de production sont plus bas, les profits plus importants et tout cela sans risque juridique. Fort heureusement, la grande majorité des multinationales font des efforts, sont scrupuleuses des conditions de travail de leurs partenaires et cherchent à assurer la traçabilité de leurs produits. Il y en a cependant encore qui n’ont pas cette volonté et qui profitent des failles du système pour s’enrichir sur le dos des populations locales qui voient leurs conditions de vie détériorées.

Traçabilité

En acceptant cette initiative, les citoyennes et citoyens suisses s’assureront que les chaînes de production des multinationales suisses sont respectueuses des droits de l’homme et de l’environnement. Cela permettra de plus de donner une meilleure image de notre pays et, de fait, de son économie, en Suisse comme à l’étranger.

Parce qu’on ne peut tolérer chez les autres, ce que l’on n’accepterait pas chez nous, je vous encourage à soutenir l’initiative pour des multinationales responsables. La Suisse s’inscrirait ainsi dans la lignée des dispositions déjà en vigueur en Grande-Bretagne, en France et prochainement au sein de l’Union européenne.

                                                                                              Sébastien Cala
Député