Non à l’autodestruction

Les initiatives de l’UDC se suivent et se ressemblent, en tous les cas par le fait qu’elles pourraient coûter des milliards, en isolant notre pays du reste du monde. Celle du 9 février 2014 a coûté 1,4 milliards à la recherche suisse. Sans compter bien sûr les autres coûts induits, dont celui pour tenter de mettre en œuvre cette initiative impossible…

Celle sur laquelle nous allons voter est dans la même veine, et va faire en sorte que nous allons devenir encore moins crédibles, du moment que l’on pourra défaire tout ce que l’on signera ou avons signé.

Faut arrêter ! La Suisse n’est pas le village d’Astérix. C’est vrai que ça pourrait pourtant paraître sympa, le petit village bucolique, seul contre tous… Mais notre pays n’a ni le poissonnier ni le forgeron, ou tout du moins pas leurs matières premières. Il est donc obligé d’importer et d’exporter. Ceci avec le reste du monde, y compris avec l’horrible Europe, tant haïe.

Mais développons un peu : dans ces colonnes (pas la 5e, tout de même), ou encore par la voix de la fille de (…), dans 24 Heures, l’initiative pour l’autodétermination, c’est juste dire « Oui à la démocratie directe, simplement ! », ou pour Magdalena (la fille de) « Si notre initiative échoue, la démocratie directe meurt ».

Si les membres de l’UDC Vallée de Joux suivent « simplement » et dogmatiquement ce que les stratèges du parti suisse proposent, on ne va pas leur lancer la pierre. Tout membre d’un parti suit la ligne, plus ou moins. Le problème se pose plus quand on cerne un peu ces stratèges : Roger Köppel, qui a traité l’équipe susse de foot de « troupe de mercenaires multiculturelle balkanique presque sans patrie », Christoph Mörgeli, et son admiration pour certaines méthodes de propagande, pour n’en citer que deux.

Nous disions donc « Si notre initiative échoue, la démocratie directe meurt ». Oui, ELLE VA MOURIR ! Surtout si l’on donne raison à l’UDC. Elle dit s’en prendre aux juges « étrangers », mais c’est tout le système judiciaire qui la révulse : « la parole au Peuple, et nous on est le « parti suisse du Peuple », le « Schweizerische Volkspartei » (nom de l’UDC en langue allemande), on embobine le Peuple une fois de plus, avec nos mythes de Suisse préservée, et une fois nos initiatives débiles acceptées, une fois arrivés au pouvoir, on n’aimerait pas que des juges nous les coupent ». Ca rappelle un certain Donald…

La séparation des pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaires, est la condition sine qua non pour qu’une démocratie fonctionne.

Asservir le pouvoir judiciaire au politique – législatif et/ou exécutif – et l’on si dirige vite vers un semblant de dictature.

Et pour en revenir à Donald, son ancien conseiller stratégique Steve Bannon, proche de l’extrême de droite américaine, invité par Köppel à Zurich, a glorifié Christoph Blocher en père des populistes : « il était Trump avant Trump ».

On peut en être fier !

Et c’est donc là que ça commence à faire peur. Les mouvements nationalistes, et populistes – qu’on pourrait donc qualifier de national-populistes – ont le vent en poupe partout en Europe et dans le monde : Italie, Autriche, Hongrie, Pologne, montée de l’AfD (extrême droite) en Allemagne, en France le Rassemblement National, ex Front National, en tête d’un sondage pour les élections européennes… Et bien sûr notre ami Donald, rejoint maintenant par Jair Bolsonaro.

Ces mouvements, inspirés ou admiratifs de notre « Volkspartei », voient dans l’étranger la source de tous les maux, sont donc xénophobes, pour ne pas dire plus. Ils sont contre l’Etat et se définissent comme anti-système – ça, ça fait joli et ça rapporte des voix – et bien sûr contre la corruption (qui serait pour ?), dont évidemment tous leurs adversaires se rendent coupables ; anti-social, rejetant les minorités et, ce qui est vraiment préoccupant, anti-environnemental, en niant l’urgence pour notre planète, en ne voyant que le profit.

Voyez Bolsonaro au Brésil, il veut accélérer la déforestation de l’Amazonie, poumon planétaire qui fourni 20% de notre oxygène, pour l’agrobusiness. Et si cette forêt devait encore perdre de sa surface, elle pourrait se transformer en savane. Imaginez les conséquences… pour tout le monde, y compris pour les adeptes de ces mouvements, et bien sûr aussi pour les membres de l’UDC Vallée de Joux.

A moins peut-être qu’un juge n’arrive à le stopper ?

Christian Vullioud, membre du Parti socialiste Vallée de Joux