Le front anti-éolien fait à nouveau entendre sa voix, au nom de la sauvegarde du paysage. La composition hétéroclite de l’aréopage apparu sur les crêtes du Creux du Van cette semaine laisse songeur…
- Des membres du parti nationaliste, luttent pour « une Suisse indépendante et neutre », antieuropéens convaincus. Ils défendent la Suisse telle qu’ils la connaissaient de leur enfance vers les années 1950, en refusant de voir qu’elle a évolué. Sous la Coupole fédérale, leurs acolytes sont les premiers à applaudir toute dérégulation des marchés qui favorise la. Ils préfèrent que la Suisse reste largement dépendante de l’énergie produite à l’étranger, achetée en Europe, en Russie, au Moyen Orient à de grands consortiums. Contradiction…
- Certains écolos pure souche, appellent à acheter local, à se nourrir des paniers bio achetés chez le paysan du coin, prônent la décroissance, et se battent pour la préservation de l’environnement. Si j’ai beaucoup plus de sympathie pour ces idées, je ne comprends pas leur attitude face à la production régionale d’énergie renouvelable, en mains des communautés locales suisses. Contradiction…
La politique énergétique 2050, largement acceptée par la population en mai 2017, est un signal fort pour développer, dans les trente prochaines années, une production indigène d’énergies renouvelables diverses et complémentaires. Ce mouvement s’inscrit dans la vision d’une Suisse en grande partie indépendante du marché international, ou pour le moins qui détient de bonnes cartes en mains. Cela devrait plaire aux nationalistes.
Cette production décentralisée d’énergie, qui s’appuie fortement sur les entités locales, proches des populations, est une révolution ; elle redonne en partie à ces communautés la maîtrise de leur destin énergétique. La population des communes concernées a confirmé le soutien démocratique. Ceci va dans le sens préconisé par les mouvements écologiques un peu partout sur la planète : agir démocratiquement, « penser global, agir local »
L’avenir des jeunes générations me tient particulièrement à cœur ; en pensant à eux je soutiens cette évolution vers les énergies douces ; si les éoliennes marquent le paysage, c’est d’une manière temporaire et réversible ; leur démantèlement est déjà pris en compte dans les projets, contrairement à d’autres sources telles le nucléaire ou l’hydraulique; bâtissons un futur renouvelable, sur lequel les jeunes auront prise.
Josiane Aubert,
ancienne conseillère nationale