L’UDC bafoue les institutions : un préfet préside un congrès d’un parti politique ? Quid d’un Juge cantonal tant qu’à faire ?

Un Congrès extraordinaire de la section vaudoise de l’UDC s’est tenu le jeudi 13 août dernier à Noville.

C’est avec une très grande surprise qu’ on y apprenait que cette assemblée – hautement politique – a été présidée par un Préfet en charge.

La Loi sur les préfets précise à son article 5 al. 1 que le préfet relève directement du Conseil d’Etat. Il est en outre placé sous l’autorité administrative du chef du département en charge des préfets.

L’ article 13 de ladite Loi mentionne également que le préfet doit tout son temps à sa fonction, sauf à remplir d’autres mandats qui lui seraient confiés par le Conseil d’Etat. Il ne peut exercer aucune charge publique ni faire partie d’un organe dirigeant d’une personne morale. Pour le surplus, le Conseil d’Etat peut autoriser des exceptions à ces règles.

On peut dès lors s’étonner qu’un magistrat vaudois, dont la mission première est d’être un interlocuteur et une courroie de transmission entre les citoyens, les communes et le Canton, qui doit respecter une parfaite neutralité dans sa fonction, s’expose ainsi publiquement en présidant un congrès éminemment symbolique.

En effet, le rôle du préfet, tel que rappelé par le Président du Corps préfectoral et de la Confrérie des préfets vaudois Monsieur Jean-François Croset, peut se résumer ainsi : « Au-delà de ses relations avec les communes, le préfet se trouve au coeur d’un réseau étendu d’acteurs de son district : citoyens, services décentralisés de l’Etat, acteurs économiques, associations et institutions diverses oeuvrant dans de nombreux domaines, qu’il peut activer ou mettre en relation. Il exerce le rôle central au sein de sont district dont l’action n’a pas de limites autres que le bon accomplissement des tâches publiques et le souci du bien commun » (MEYLAN M., Les préfets vaudois : acteurs et actrices du Pays de Vaud, éd. Cabédita, Bière : 2014, p. 11-12).

Partant, le rôle du préfet n’est donc pas de représenter les sensibilités politiques du Canton mais bien d’exécuter la volonté du Gouvernement, dans le soucis de la neutralité la plus totale.

Alors que l’UDC nous saoule quotidiennement– y compris dans les colonnes de ce journal – sur les valeurs morales, le respect des lois et des institutions, dans cette épisode, il s’assoit complètement sur les institutions.

J’ai déposé une interpellation en collaboration avec la député Ginette Duvoisin ce mardi devant le Grand Conseil vaudois pour demander au Conseil d’Etat de faire toute la lumière sur cette affaire.

Nicolas Rochat Fernandez, député